Derniers efforts
A 19 heures, 30 coureurs prennent le départ du café « Le Continental » de Nantes pour rallier Ville d’Avray après un peu plus de 17 heures de vélo pour les premiers.
Camille Fily passe avec 17’ d’avance à Tours à 2h55’. Il faut dire qu’il s’agit du régional de l’étape et que ses parents l’attendent impatiemment. Le pauvre sera ensuite repris puis irrémédiablement largué.
Desgrange a retenu la leçon de Nîmes : il a décidé de ne pas arrêter les coureurs au contrôle fixe d’Orléans, de peur que les amis de Beaugendre (non-partant de la 5ème étape) ne prennent l’exemple des exaltés alésiens en perturbant l’épreuve.

 Garin ou Pothier ?
Il semble certain que Maurice Garin a depuis longtemps course gagnée. Et pourtant, si l’on jette un simple coup d’œil sur le classement général, on s’aperçoit que Lucien Pothier ne pointe qu’à une trentaine de secondes. Certes, les 2 hommes font partie de la même équipe. Bien sûr, ils s’entendent comme larrons en foire. Mais Garin n’est pas à l’abri d’un incident mécanique dans les derniers kilomètres. Que ferait Pothier dans ce cas ? M. Delattre, le manager de « La Française » a-t-il pris ses dispositions ? Personne ne le sait.
Toujours est-il que c’est dans la vallée de Chevreuse que la course se décante. Aucouturier, Garin et Dortignacq se détachent tandis que Pothier est relégué à 3’ en compagnie de Garin junior, Cornet et Colsaet. Plus de doute désormais, Garin a gagné son 2ème Tour de France.

  4ème victoire d’étape d’Aucouturier
L’arrivée se situe à Ville d’Avray mais il est prévu que le sprint décisif aura lieu sur le vélodrome du Parc des Princes après 2 tours de piste.
A Ville d’Avray, Aucouturier passe en tête devant Garin et Dortignacq à 10’’. Les 3 hommes sont prêts à en découdre au Parc mais la pluie se met à tomber drue et les résultats cités précédemment sont entérinés.
Les organisateurs profiteront quand même d’une éclaircie pour mettre en ligne sur 2 tours de piste les rescapés de ce Tour. Aucouturier remportera la prime devant Cornet et Dortignacq.

 L’amertume de Desgrange
Laissons Henri Desgrange exprimer ses sentiments dans son journal « L’Auto » après l’épreuve : «  Le Tour de France est terminé et sa seconde édition aura, je le crains bien, été la dernière. Il sera mort de son succès, des passions aveugles qu’il aura déchaînées, des injures et des sales soupçons qu’il nous aura valus des ignorants ou des méchants. (...) Nous voici à la fin du second tour de France écoeurés, découragés, ayant vécu ces trois semaines au milieu des pires calomnies et des pires injures.
Et de toutes celles qui ont rampé jusqu’à nous, il n’en est peut-être pas qui nous ait été plus sensible et qui ait affiché plus de puérilité et de sottise que celle qui a voulu faire de nous les associés, que dis-je ? les complices d’une des maisons qui ont pris part à la course. Le plus simple bon sens et la plus vulgaire dignité voulait que nous gardions notre indépendance dans une course où nous convoquions tous les constructeurs, que nous ne fassions pas le jeu de l’un au détriment des autres. Mais non ! rien n’y a fait, tous nos actes ont été dénaturés : la même punition infligée à un coureur a été traitée et comme une impitoyable rigueur et comme la plus insigne des faiblesses. Sévissions-nous : nous étions des barbares, ne sévissions-nous pas, nous fermions volontairement les yeux pour ne rien voir. (...) Nous laisserons donc à d’autres, provisoirement, le soin d’affronter des aventures semblables au Tour de France et nous étudierons pour l’an prochain ce qu’il y a lieu de faire dans d’autres ordres d’idées. »

Classement de l’étape

Classement général

* disqualifié le 30/11/1904
** déclaré vainqueur de l’étape le 30/11/1904