La Grande Boucle

Etape 21 : Roubaix - Paris

Jean-Philippe — 2006-02-25T14:36:33Z

L'hymne italien à l'honneur
Avec ses 286 km, cette 21ème étape est la plus longue de toutes, pas la plus intéressante. Chacun a compris que les positions ne seraient plus modifiées. Bartali est intouchable ; les Belges ont fait la différence au Challenge International par équipes.
Les côtes des Bois-de-Molle et de Saint-Ouen-l'Aumône ne changent rien à l'affaire. Il faut attendre Conflans-Sainte-Honorine, à une quarantaine de kilomètres de l'arrivée, pour que Lucien Teisseire (équipe de France) et Louis Thiétard (Paris) lancent la course. Immédiatement, 2 équipiers de Bartali, Egidio Feruglio et Giovanni Corrieri (déjà vainqueur à Metz), se collent à leurs roues. Feruglio lâche prise dans la côte de Poissy (km 255), Thiétard sur les pavés de Port-Marly, juste avant le Cœur-Volant, à 20 km du Parc des Princes. Teisseire, courageusement, assure la totalité du travail, une grosse minute devant le peloton. Corrieri, en bon chien de garde du maillot jaune, se contente de suivre. Evidemment, à l'arrivée, il n'y a pas photo : l'Italien l'emporte sans difficulté.


Teisseire et Corrieri dans le coeur-Volant

Bartali, 10 ans après
C'est le triomphe pour « Gino le Pieux » qui gagne son 2ème Tour de France, 10 ans après le 1er, exploit unique dans l'histoire du cyclisme. Avec 3 Tours d'Italie (1936, 37 et 46), "le Campionissimo" pourrait, à 34 ans, se retirer doucement de la compétition. Mais ce n'est absolument pas à l'ordre du jour. Il reviendra encore 5 fois sur le Tour, jusqu'en 1953 exactement.
Le 5 mai 2000, à 86 ans, Gino Bartali rejoindra le paradis des cyclistes. En 2013, il sera reconnu "Juste parmi les Nations" par le Mémorial Yad Vashem de Jérusalem. Pendant la 2ème guerre mondiale, le fervent catholique faisait en effet partie d'un réseau de résistants. Il profitait, lors de ses longues sorties de vélo, de son aura de champion pour passer sans mal les barrages et cacher dans son cadre les listes et les faux papiers des Juifs qui voulaient fuir la déportation vers les camps de la mort. Arrêté en novembre 1943, il a fait 45 jours de prison, avant d'être libéré sous caution. Respect.


Bartali particulièrement heureux de sa 2ème victoire sur le Tour

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Giovanni Corrieri (Ita)	en 9h1'51''
2	Lucien Teisseire (Fra)	m.t.
3	Vittorio Seghezzi (Ita)	à 1'13''
4	Raoul Rémy (Fra)
5	Constantin Ockers (Bel)
6	Paul Giguet (Fra)
7	Gino Bartali (Ita)
8	André Brulé (Fra)
9	Jan Engels (Bel)
10	Jean Kirchen (Lux)	t.m.t.

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Etape 20 : Liège - Roubaix

Jean-Philippe — 2006-02-25T12:54:06Z

Bartali saute sur (presque) tout ce qui bouge
Klabinsky tente de s'échapper à plusieurs reprises en début d'étape mais l'équipe d'Italie contrôle les événements. Robic espère engranger la prime au sommet de la côte de Namur (km 55). Ce sont les Belges qui la lui subtilisent mais Bartali veille au grain. A Orchies, Ockers et Teisseire, rejoints par Klabinsky y croient. Là encore, Bartali intervient. Pas grave, Ockers, Klabinsky et, cette fois, Gauthier remettent le couvert. C'est la bonne...

Gauthier, « M. Bordeaux - Paris », l'emporte
Bernard Gauthier (Sud Est) s'impose au sprint devant Edouard Klabinsky, le Polonais, né en 1920 en Allemagne, décédé à Halluin en 1997, autrement dit un "régional" de l'étape et Stan Ockers. Pour Gauthier, cette étape restera la seule victoire de sa carrière sur le Tour. Nous le reverrons quand même s'accaparer du maillot jaune en 1950 et devenir la référence suprême des courses longue-distance (4 victoires dans Bordeaux - Paris en 1951, 54, 56 et 57).


Gauthier l'emporte sur le vélodrome de Roubaix.: En arrière-plan, Ockers (3ème)

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Bernard Gauthier (Fra)	en 6h31'36''
2	Edouard Klabinsky (Pol)
3	Constantin Ockers (Bel)	t.m.t.
4	Alphonse Devreese (Fra)	à 39''
5	Jan Engels (Bel)	à 1'3''
6	Gino Bartali (Ita)
7	Paul Giguet (Fra)
8	Jean Robic (Fra)
9	Guy Lapébie (Fra)
10	Kléber Piot (Fra)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 138h7'32''
2	Albéric Schotte (Bel)	à 26'16''
3	Guy Lapébie (Fra)	à 28'48''
4	Louis Bobet (Fra)	à 32'59''
5	Jean Kirchen (Lux)	à 37'53''
6	Lucien Teisseire (Fra)	à 42'
7	Roger Lambrecht (Bel)	à 49'56''
8	Fermo Camellini (Ita)	à 51'36''
9	Louis Thiétard (Fra)	à 55'23''
10	Raymond Impanis (Bel)	à 1h0'3''

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Etape 19 : Metz - Liège

Jean-Philippe — 2006-02-25T10:14:23Z

Lapébie perd sa 2ème place au profit de Schotte
2ème du général, Guy Lapébie porte ce matin un bandage au mollet fort inquiétant, et ce d'autant plus que l'étape s'annonce difficile avec les monts des Ardennes belges à franchir.
Jusque Bastogne (km 126), tout va bien. La situation se complique dans les premières difficultés où Robic secoue à plusieurs reprises le peloton. C'est à partir de Spa (km 216) que la décision se crée lorsque Giguet passe à l'offensive. Le Parisien de l'équipe de France passe au sommet de la côte de Theux avec 10'' d'avance sur Robic, 15'' sur Néri. Ockers, le maillot jaune Bartali et Schotte (3ème du général) ne sont pas loin. Ces 6 hommes se regroupent dans la descente. Giguet est ensuite décroché dans la côte des Forges. Il adhère alors à un 2ème groupe composé de Camellini, Brulé, Impanis et Kirchen. Groupe qui bascule au sommet (km 234) avec 1'2'' de retard sur les 5 gaillards de l'avant. Il faut attendre 2' supplémentaires pour voir apparaître le peloton avec, en son sein, Lapébie et Bobet. La descente vers Liège n'apporte aucun changement. Lapébie perd 3'1'' sur Brik Schotte qui prend place sur la 2ème marche du podium.

Bartali 7ème
Quai des Ardennes à Liège, Gino Bartali déborde Schotte aux 200 mètres et résiste au retour de Robic. "Gino le Pieux" remporte sa 7ème victoire d'étapes sur ce Tour, la 10ème de sa carrière (1 en 1937, 2 en 1938).


Bartali 1er à Liège

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 7h18'55''
2	Jean Robic (Fra)
3	Albéric Schotte (Bel)
4	Constantin Ockers (Bel)
5	Paul Néri (Ita)	t.m.t.
6	André Brulé (Fra)	à 1'8''
7	Paul Giguet (Fra)
8	Fermo Camellini (Ita)
9	Raymond Impanis (Bel)
10	Jean Kirchen (Lux)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 131h34'53''
2	Albéric Schotte (Bel)	à 26'16''
3	Guy Lapébie (Fra)	à 28'48''
4	Louis Bobet (Fra)	à 32'59''
5	Jean Kirchen (Lux)	à 37'53''
6	Lucien Teisseire (Fra)	à 42'
7	Roger Lambrecht (Bel)	à 49'56''
8	Fermo Camellini (Ita)	à 51'36''
9	Louis Thiétard (Fra)	à 55'23''
10	André Brulé (Fra)	à 56'22''

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Etape 18 : Strasbourg - Metz

Jean-Philippe — 2006-02-24T12:11:40Z

Bonnaventure ... à l'aventure ?
Maudit règlement qui stipule que le dernier du classement général est éliminé, et ce depuis la 3ème étape jusqu'à la ... 18ème. L'épée de Damoclès pèse aujourd'hui au dessus de la tête de Robert Bonnaventure qui doit reprendre plus de 21' au "Cadet italien" Vittorio Seghezzi s'il veut voir Paris. Par 3 fois en début d'étape, le pauvre gars de l'équipe de l'Ouest tente de s'échapper. En pure perte. Les jeunes transalpins veillent au grain.

Mais non, Bartali n'est pas seul
Quelques escarmouches ont égayé la fin d'étape mais la bonne échappée prend forme au 146ème km lorsque Bernard Gauthier (Sud-Est) attaque, emmenant sur son porte-bagage un gregario du maillot jaune Bartali, Giovanni Corrieri. Rapidement, Georges Martin (un autre "Sud-Est"), Edouard Klabinsky ("International"), 2ème la veille du contre-la-montre, Pierre Baratin (Île de France-Nord Est) puis Stan Ockers (Belgique), 12ème du général, se joignent à eux..
Ces 6 hommes s'offrent 1'25'' d'avance aux Etangs (km 179). Avance qu'ils conservent jusque Metz où Corrieri règle Ockers au sprint.


Corrieri qui bat ici Ockers a terminé 11ème du Giro 1947 après avoir gagné la 12ème étape.

Une juste récompense pour la "squadra azurra" qui, durant tout ce Tour, s'est dévouée corps et âmes à son leader. D'ailleurs, au moment du partage des gains, Bartali n'oubliera pas ses gregarii. Il leur abandonnera tout ce qu'il a gagné pendant ces 3 semaines de course. Mieux même, il exigera que ses camarades Pasquini et Corrieri soient inscrits sur l'affiche des vélodromes dans lesquels il se présentera en fin de saison.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Giovanni Corrieri (Ita)	en 5h54'37''
2	Constantin Ockers (Bel)
3	Bernard Gauthier (Fra)
4	Edouard Klabinsky (Pol)
5	Georges Martin (Fra)
6	Pierre Baratin (Fra)	t.m.t.
7	Jean Robic (Fra)	à 1'26''
8	Vittorio Seghezzi (Ita)
9	André Brulé (Fra)
10	Florent Mathieu (Bel)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 124h16'58''
2	Guy Lapébie (Fra)	à 24'47''
3	Albéric Schotte (Bel)	à 25'16''
4	Louis Bobet (Fra)	à 28'58''
5	Jean Kirchen (Lux)	à 35'45''
6	Lucien Teisseire (Fra)	à 37'59''
7	Roger Lambrecht (Bel)	à 45'55''
8	Fermo Camellini (Ita)	à 49'28''
9	Louis Thiétard (Fra)	à 51'22''
10	André Brulé (Fra)	à 54'14''

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Etape 17 : Mulhouse - Strasbourg (c.l.m.)

Jean-Philippe — 2006-02-24T10:35:25Z

Gloire aux « Internationaux »
Une belle lutte contre la montre oppose les 2 maillots rouges des « Internationaux » : Roger Lambrecht, « le Belge de Brest » d'un côté ; Edouard Klabinsky, le Polono-Nordiste de l'autre. Jusqu'au 100ème km, le combat est indécis puis Klabinsky est pris de crampes et s'incline de 38'' sur la fin.
Lambrecht l'emporte donc à 41 km/h de moyenne et remonte ainsi à la 7ème place du général. Ce n'est que justice car il a appartenu hier au groupe des échappés mais le passage à niveau d'Alkirsch lui a coûté 11' (roue brisée).


L'arrivée de Lambrecht à Strasbourg

Encore un exploit de Lapébie
Guy Lapébie, à qui l'on prédisait les plus grands déboires au départ de ce Tour, s'est classé 3ème de ce chrono. Il a pris un départ tonitruant : Bobet, parti 4' avant lui, était déjà dans sa ligne de mire à Colmar (km 53). Ensuite, l'écart entre les 2 Français s'est stabilisé. Le coureur du « Centre-Sud-Ouest » s'empare ainsi de la 2ème place du général, Schotte (6ème de l'étape) ayant perdu plus de 3' aujourd'hui.

Les déceptions
Bartali, maillot jaune sur les épaules, n'a pas été brillant (28ème à 11'56''), c'est le moins que l'on puisse dire. Le Toscan s'est certainement réservé pour les dernières étapes pavées du Nord.
L'équipe de France a sombré : Teisseire (38ème) perd 2 places au général. Quant à Vietto et Robic (respectivement 44ème et 45ème sur 46 classés), ils sont manifestement démobilisés.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Roger Lambrecht (Bel)	en 2h55'17''
2	Edouard Klabinsky (Pol)	à 38''
3	Guy Lapébie (Fra)	à 1'30''
4	Bruno Pasquini (Ita)	à 3'36''
5	Constantin Ockers (Bel)	à 4'19''
6	Albéric Schotte (Bel)	à 4'55''
7	Fermo Camellini (Ita)	à 5'9''
8	Louis Bobet (Fra)	à 5'17''
9	Jean Kirchen (Lux)	à 5'26''
10	André Brulé (Fra)	à 5'45''

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 118h20'52''
2	Guy Lapébie (Fra)	à 24'47''
3	Albéric Schotte (Bel)	à 25'16''
4	Louis Bobet (Fra)	à 28'58''
5	Jean Kirchen (Lux)	à 35'45''
6	Lucien Teisseire (Fra)	à 37'59''
7	Roger Lambrecht (Bel)	à 45'55''
8	Fermo Camellini (Ita)	à 49'28''
9	Louis Thiétard (Fra)	à 51'22''
10	André Brulé (Fra)	à 54'14''

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Etape 16 : Lausanne - Mulhouse

Jean-Philippe — 2006-02-24T09:19:02Z

Bobet n'en peut plus
Certes, l'étape n'apparaît pas très redoutable avec, au programme, un seul col de 2ème catégorie (« Vue des Alpes ») situé à 150 km de l'arrivée. Mais Louis Bobet, 2ème du général, semble bien fatigué. Déjà la veille, le Breton a perdu du temps par rapport à ses suivants au classement général : Schotte et Camellini. Et, aujourd'hui, lorsque le maillot jaune Bartali profite de cette difficulté pour s'assurer définitivement le classement du meilleur grimpeur, il emmène avec lui 20 coureurs parmi lesquels de nombreux belges (Schotte, Ockers, Impanis, Van Dijck, Mathieu, Engels). Du côté de l'équipe de France, on recense bien Teisseire et Lazaridès. Pas Louison !
Non, derrière, les organismes sont fatigués. Bobet se plaint d'une intoxication alimentaire, Robic roule sans conviction, Camellini peste contre le sort... Les écarts se creusent : 3'50'' à Maiche (km 131), 7'55'' à Mandeure (km 164,5)... Finalement, à Mulhouse, c'est 21'52'' que le peloton des battus débourse !
Bobet est dépassé au général par Schotte, Lapébie et Teisseire.

Les Belges grands vainqueurs de l'étape
L'équipe belge n'a pas laissé passer l'occasion d'offrir à Brik Schotte une 2ème place au général. « Le dernier des Flandriens », lauréat du Tour des Flandres en 1942 et 1948, est ainsi récompensé de sa régularité. Notons d'ailleurs que l'année 1948 restera pour lui inoubliable puisqu'il sera bientôt sacré champion du monde. Mais c'est une autre histoire.
Supérieurs en nombre, les Belges n'ont pas oublié de rafler également la victoire d'étape, Edward Van Dijck et Stan Ockers se détachant en fin de parcours. Le 1er nommé (vainqueur de la Vuelta en 1947) l'a emporté sans forcer.


Van Dijck (1977+) et Ockers à Mulhouse

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Edward Van Dijck (Bel)	en 6h44'7''
2	Constantin Ockers (Bel)	m.t.
3	Jan Engels (Bel)	à 18''
4	Pierre Baratin (Fra)	à 32''
5	Raphaël Gemeniani (Fra)
6	Louis Thiétard (Fra)
7	Kléber Piot (Fra)
8	André Brulé (Fra)
9	Raymond Impanis (Bel)
10	Florent Mathieu (Bel)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 115h13'39''
2	Albéric Schotte (Bel)	à 32'20''
3	Guy Lapébie (Fra)	à 35'16''
4	Lucien Teisseire (Fra)	à 35'39''
5	Louis Bobet (Fra)	à 35'40''
6	Jean Kirchen (Lux)	à 42'18''
7	Louis Thiétard (Fra)	à 54'47''
8	Fermo Camellini (Ita)	à 56'18''
9	Roger Lambrecht (Bel)	à 58'54''
10	André Brulé (Fra)	à 1h0'28''

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Etape 15 : Aix-les-Bains - Lausanne

Jean-Philippe — 2006-02-23T16:40:26Z

200 km sans forcer
Les organisateurs proposent encore aujourd'hui 2 cols dignes d'intérêt : les Aravis et la Forclaz suisse mais les coureurs, après 2 journées homériques, en décident autrement.
Bartali se contente juste d'accélérer au sommet des Aravis pour récupérer les 30'' de bonifications tandis que son compatriote Ronconi abandonne, le moral à plat.
Quant à la Forclaz, ce col helvétique n'est pas long mais la moitié du peloton met pied à terre pour en franchir une portion particulièrement abrupte.

6ème victoire d'étape de Bartali, la 3ème consécutivement !
Il faut attendre 225 km pour voir les événements se précipiter. Bartali trouve alors, dans le Mont-Chardonne, le moyen de prouver sa supériorité. Il lâche André Brulé (Paris), son dernier accompagnateur et s'en va conclure victorieusement son magnifique triptyque : Briançon ; Aix-les-Bains ; Lausanne !


Bartali et Brulé (au premier plan) dans le Mont-Chardonne: Ce dernier a beaucoup donné dans les Alpes !

Quelques évolutions au général
Les vallonnements de fin de parcours profitent à Schotte, Camellini, Teisseire et Kirchen. Ces coureurs, tous classés dans les 10 premiers du général, terminent à l'intérieur d'un groupe composé de 9 hommes à 1'47'' de Bartali.
Manquent à l'appel Bobet, Lapébie et Lambrecht. On les retrouve dans un 2ème peloton à 4'14'' du champion italien.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 8h29'55''
2	Albéric Schotte (Bel)	à 1'47''
3	Pierre Baratin (Fra)
4	André Brulé (Fra)
5	Lucien Teisseire (Fra)
6	Raymond Impanis (Bel)
7	Jean De Gribaldy (Fra)
8	Fermo Camellini (Ita)
9	Jean Kirchen (Lux)
10	Primo Volpi (Ita)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 108h29'30''
2	Louis Bobet (Fra)	à 13'47''
3	Albéric Schotte (Bel)	à 31'50''
4	Fermo Camellini (Ita)	à 34'28''
5	Guy Lapébie (Fra)	à 34'39''
6	Lucien Teisseire (Fra)	à 34'46''
7	Jean Kirchen (Lux)	à 41'48''
8	Roger Lambrecht (Bel)	à 47'37''
9	René Vietto (Fra)	à 48'6''
10	Louis Thiétard (Fra)	à 54'17''

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Etape 14 : Briançon - Aix-les-Bains

Jean-Philippe — 2006-02-23T13:05:20Z

Parcours
Raphaël Geminiani a parfaitement résumé cette étape qui est restée dans les annales : « Le Galibier au milieu d'une tourmente de neige, la Croix-de-Fer dans la gadoue, le col de Porte en plein brouillard et la Chartreuse (Cucheron et Granier) sous la neige. »
Bartali a ajouté : "Je n'avais jamais connu une étape aussi pénible. »

Le Galibier pour commencer
Le départ est donné depuis Briançon, située à 1321 m d'altitude. Les coureurs escaladent d'abord le Lautaret puis les derniers kilomètres du Galibier.
Tout de suite, Bonnaventure, Geminiani, Gauthier, Lapébie et le maillot jaune Bobet s'échappent. Ils sont rejoints dans le Galibier que Teisseire franchit en tête (km 35) suivi de Geminiani. Bobet et Bartali naviguent dans un petit groupe à 2' tandis que Robic et Impanis sont déjà à 12'30'', Vietto et Lazaridès à ¼ d'heure.
Dans la descente, le regroupement s'effectue entre les 2 hommes de tête et le groupe maillot jaune.


Le Lautaret enneigé

Le duel Bartali - Bobet dans la Croix-de-Fer
A 23 km du sommet de cet interminable col, Bartali (2ème du général à 1'6'' de Bobet) accélère. 3 km plus loin, le Toscan est rattrapé par Bobet et André Brulé (Paris). Les 3 hommes creusent les écarts : plus de 2'30'' au sommet (km 113,5) où Bartali remporte la minute de bonifications devant Bobet qui se console avec 30''.
Dans la descente, l'Italien crève et laisse filer les 2 Français.


Bobet et Bartali dans la Croix-de-Fer

Bobet, en tête, s'épuise
Cette crevaison peut paraître, à première vue, comme une aubaine pour le maillot jaune. Pas si sûr ! Car Louison doit traverser la vallée de la Romanche, vent de face, avec Brulé comme seul soutien. Tandis que, intelligemment, le directeur sportif transalpin, Alfredo Binda, suggère à son coureur d'attendre Schotte, Ockers, Van Dijck, Camellini et Kirchen.
A 6 contre 2, la partie est inégale. Les Français sont rejoints à Vizille, épuisés. Brulé, terrassé par la fringale, terminera 16ème à 19'.

L'envol de Bartali dans le col de Porte
Dans le col de Porte (15 km), Gino s'en va irrésistiblement. Louison faiblit. Il ne peut rien lorsque Stan Ockers attaque à 2 km du sommet. Pendant ce temps, Bartali passe en haut (km 202,5) 6'22'' avant Bobet puis continue, sous les averses, à travers la forêt de pins de la Chartreuse. Les cols du Cucheron (km 215,5) et du Granier (km 234) sont avalés sans coup férir. "Le Campionissimo" arrive, triomphant, à Aix-les-Bains, près de 6' avant Ockers, plus de 7' avant Bobet (6ème). Il a (presque) gagné le Tour.
A l'arrivée, Bartali rendra un hommage sincère à son adversaire : « Je redoutais Bobet. Je m'en serais méfié plus tôt si je l'avais connu. Je le tiens maintenant pour un homme de très grande classe, aux qualités multiples. Il roule, sprinte, grimpe et a du cœur. Il a peut-être perdu son maillot, mais je vous jure qu'il l'a défendu. Quel lutteur ! Je le voyais à mon côté grimacer, serrer les dents mais pas me quitter. En un mot, il m'a émerveillé et, au sommet de la Croix-de-Fer, alors que nous nous apprêtions à nous disputer la bonification, je n'ai pu m'empêcher de lui dire mon admiration. Quand il aura un peu plus de métier, ce sera un très, très grand champion. Il gagnera le Tour, j'en suis certain. »

Y a t il une équipe de France ?
Binda affirmera plus tard : « Si je l'avais dirigé, c'est lui, Bobet, qui aurait gagné le Tour ». Exagéré peut-être, mais les journalistes de l'époque se demandent encore quelle a été la stratégie de Lazaridès ce jour là ! Il a attendu Vietto pendant toute la 1ère partie de l'étape puis a brutalement refait son retard, se classant 2ème (derrière Bartali, détaché devant Bobet) au sommet du col de Porte, avant de s'écrouler à nouveau pour finir l'étape en compagnie de son ami azuréen (8ème et 9ème).
En fin d'étape, le seul français qui a aidé Bobet, c'est Guy Lapébie, de l'équipe Centre-Sud-Ouest. Un Guy Lapébie extraordinaire qui s'accapare de la 3ème place du général au détriment du Belge Lambrecht (28ème de l'étape à 38' de Bartali).

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 9h30'18''
2	Constantin Ockers (Bel)	à 5'53''
3	Guy Lapébie (Fra)	à 7'3''
4	Edward Van Dijck (Bel)
5	Albéric Schotte (Bel)	t.m.t.
6	Louis Bobet (Fra)	à 7'9''
7	Jean Kirchen (Lux)	m.t.
8	Jules-Apôtre Lazaridès (Fra)	à 12'19''
9	René Vietto (Fra)	m.t.
10	Kléber Piot (Fra)	à 13'7''

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 100h1'5''
2	Louis Bobet (Fra)	à 8'3''
3	Guy Lapébie (Fra)	à 29'2''
4	Albéric Schotte (Bel)	à 29'3''
5	Fermo Camellini (Ita)	à 31'11''
6	Lucien Teisseire (Fra)	à 31'37''
7	René Vietto (Fra)	à 36'39''
8	Jean Kirchen (Lux)	à 38'31''
9	Roger Lambrecht (Bel)	à 41'53''
10	Louis Thiétard (Fra)	à 47'43''

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Etape 13 : Cannes - Briançon

Jean-Philippe — 2006-02-22T16:49:50Z

Parcours : Cols d'Allos, de Vars et de l'Izoard

La défaillance de Robic
Malgré sa 11ème place au général à plus de 26' de Bobet, Jean Robic a encore l'espoir de réussir un grand Tour de France, à l'instar de celui de l'année dernière. « Biquet » démarre donc dès le col d'Allos qu'il franchit en tête (km 136). Bartali est plus prudent. Le Toscan ne passe qu'en 7ème position au sommet à 1'02''.
En haut de Vars (km 201), on retrouve Robic en pôle mais Bartali n'est plus qu'à 32''. C'est le début de la fin pour le Breton qui est dépassé dans la descente et qui subit une terrible défaillance dans l'Izoard, terminant, avec Lazaridès, 22ème à Briançon à plus de 24' du vainqueur.

Bartali héroïque
Ne cherchez pas plus loin le nom du vainqueur. C'est Gino Bartali qui s'est brillamment imposé dans cette étape dantesque. La pluie s'est abattue sur l'Izoard. Le froid a congestionné les muscles. Bartali a gravi ce col sans sourciller, creusant les écarts mètre après mètre. A l'arrivée, il laisse son suivant Brik Schotte (que tous les observateurs considéraient comme non-grimpeur) à 6'18''. « Gino le Pieux » n'est plus, désormais qu'à 1'6'' de Bobet au général.
Bartali confiera plus tard qu'il avait reçu le matin de cette étape un coup de téléphone du premier ministre italien De Gasperi. Ce dernier lui annonçait que le leader communiste Togliatti avait été victime d'un attentat et que son pays était au bord de la guerre civile. « Que puis-je faire ? Je suis au Tour ! » répond alors le cycliste. « Tu peux faire beaucoup, en gagnant des étapes », lui ordonne le président du conseil. Le sport au service de la politique. Déjà...


Bartali dans l'Izoard.: L'iIalien a refait une grande partie de son retard.

Bobet en difficulté
Les 2 premiers cols de la journée ont été escaladés plutôt correctement par le maillot jaune. Il est passé au sommet de Vars avec 3'15'' de retard sur Bartali. Il n'y avait pas péril en la demeure. Dans l'Izoard, les choses se sont compliquées : Bobet a cassé son pédalier. Il lui a fallu de nombreuses minutes pour réparer. Lorsqu'il est reparti, il n'a jamais retrouvé la bonne cadence. 12ème à Briançon à 18'7'' de Bartali, dans le même temps que Lambrecht, son suivant immédiat au général, Louison conservait l'essentiel : son maillot.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Gino Bartali (Ita)	en 10h9'28''
2	Albéric Schotte (Bel)	à 6'18''
3	Fermo Camellini (Ita)	à 9'15''
4	René Vietto (Fra)	à 10'43''
5	Lucien Teisseire (Fra)	à 11'17''
6	Jean De Gribaldy (Fra)	à 11'22''
7	Edouard Klabinsky (Pol)	à 13'15''
8	Guy Lapébie (Fra)	à 13'47''
9	Jean Kirchen (Lux)	à 14'54''
10	Bruno Pasquini (Ita)	à 17'14''

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Louis Bobet (Fra)	en 90h32'11''
2	Gino Bartali (Ita)	à 1'6''
3	Roger Lambrecht (Bel)	à 2'29''
4	Lucien Teisseire (Fra)	à 12'12''
5	Fermo Camellini (Ita)	à 12'49''
6	Raymond Impanis (Bel)	à 19'57''
7	Guy Lapébie (Fra)	à 20'35''
8	René Vietto (Fra)	à 20'36''
9	Albéric Schotte (Bel)	à 22'56''
10	Louis Thiétard (Fra)	à 27'18''

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Etape 12 : San Remo - Cannes

Jean-Philippe — 2006-02-22T09:17:38Z

Parcours : Cols de Castillon et du Turini, pour la 1ère fois dans le Tour : « 1965 m d'élévation, 48 km de chemin entre Menton et Turini avec 7 km de descente (...) et des faux-plats, des pentes vicieuses, et des virages se redressant sec sur le flanc de la montagne, 4 km de chemin de terre et de caillasse pour finir » (Jacques Goddet).

Bobet à l'agonie ?
Hier soir, nous avons quitté le leader de l'épreuve Louison Bobet au bord de l'abandon. "La Pleureuse" a souffert le martyr pour arriver à San Rémo, victime d'une crise de furonculose. C'est soigné à forte dose de pénicilline qu'il prend le départ ce matin.
A Menton (km 28), avant d'aborder le col de Castillon, Roger Lambrecht, 2ème du général à 29'' du Breton, s'enfuit. C'en est fini du maillot jaune qui compte 1'30'' de retard sur le Belge en haut du col (km 43).

Bobet ressuscité !
Pas du tout ! Le Français se lance à la poursuite de Lambrecht, accompagné d'Apo Lazaridès. Les 2 hommes de l'équipe de France rejoignent l'échappé à 8 km du sommet du Turini. Rapidement, Apo et Louison prennent les devants, ce qui permet à Bobet de récupérer 1' de bonifications en passant en tête au sommet de ce col. C'est bon pour le moral.
Dans la descente, Lazaridès (qui a apporté au Breton une aide considérable jusque là, comme il avait déjà soutenu Vietto l'année dernière) crève par 2 fois. Louison se retrouve seul à 90 km de Cannes, vent défavorable dans la vallée du Var. Il vaut mieux attendre le retour de Lambrecht, Lazaridès, Molinéris (Sud-Est) et Kirchen (Pays-Bas/Luxembourg). A 5, le chemin paraît plus court.
Par contre, pas question de laisser filer la victoire d'étape. Elle rapporte également 1' de bonifications ! Bobet l'enlève donc au sprint, alors même que son acte de décès avait été rédigé quelques heures plus tôt ! « Le boulanger de Saint-Méen » est devenu un authentique champion. Ne l'appelez plus jamais « La Pleureuse ».


Bobet dans le Turini

Le mystère Bartali
« Le Campionissimo » n'a produit aucun effort lorsque Lambrecht et Bobet ont accéléré. Au sommet du Turini, il était pointé à 5'25'' du maillot jaune en compagnie de Robic et d'Impanis. L'a-t-on surestimé au départ de l'épreuve ? Attend-il uniquement l'Izoard pour prouver sa valeur ? Il faudra encore patienter avant de connaître la réponse car les circonstances ne lui étaient pas favorables aujourd'hui : lorsqu'il a crevé dans la 2ème partie de l'étape, ses adversaires (Robic, Impanis, Geminiani, Brulé, Thiétard, Néri et Tacca) ont immédiatement embrayé. Ils ont tellement poussé sur le champignon qu'ils sont revenus à 57'' de Bobet sur la ligne d'arrivée. Quant à Bartali, il a terminé à 7'39''. Au classement général, ses affaires ne s'arrangent vraiment pas. Le voici 7ème à plus de 21' du jeune champion français.

Les "Internationaux" ont souffert
Le vainqueur de la veille, Gino Sciardis, n'a pas retrouvé le même coup de pédales. Il a fini 53ème à 23'12''.
Pierre Brambilla (8ème du général) s'est effondré : dernier à 54'. Il abandonnera lors de la prochaine étape.

Classement de l'étape

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Louis Bobet (Fra)	en 5h22'56''
2	Pierre Molinéris (Fra)
3	Roger Lambrecht (Bel)
4	Jean Kirchen (Lux)
5	Jules-Apôtre Lazaridès (Fra)	t.m.t.
6	Raphael Geminiani (Fra)	à 57''
7	Jean Robic (Fra)
8	André Brulé (Fra)
9	Raymond Impanis (Bel)
10	Louis Thiétard (Fra)	t.m.t.

Classement général

Place	Coureur	Temps / Ecart
1	Louis Bobet (Fra)	en 80h4'36''
2	Roger Lambrecht (Bel)	à 2'29''
3	Raymond Impanis (Bel)	à 14'6''
4	Lucien Teisseire (Fra)	à 19'2''
5	Louis Thiétard (Fra)	à 20'1''
6	Aldo Ronconi (Ita)	à 20'32''
7	Gino Bartali (Ita)	à 21'28''
8	Fermo Camellini (Ita)	à 21'41''
9	Guy Lapébie (Fra)	à 24'54''
10	Lucien Mathys (Bel)	à 25'34''

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