Aimar conserve son bien
Au moment de s’élancer pour l’épreuve de vérité longue de 51 km, Lucien Aimar (Ford) possède 1’35’’ d’avance sur Jan Janssen (Pelforth) et 4’22’’ sur Raymond Poulidor (Mercier), 5ème du général mais supposé le plus fort dans l’exercice du contre-la-montre.
Effectivement, Poulidor démarre sur les chapeaux de roue. Il a déjà repris 55’’ sur ses 2 adversaires, la côte des 17 Tournants franchie. Après 30 km de course, Aimar a perdu 2’10’’. Il lui reste 2 difficultés (les rampes de Medon et de l’Homme-Fort) à avaler. Poulidor accuse alors un léger fléchissement : le maillot jaune n’a plus que 2’3’’ de retard sur lui au km 36,5. C’en est terminé des derniers espoirs du résident de Saint-Léonard-de-Noblat.
Au moment de traverser la Seine, de s’engager vers l’avenue de Billancourt, les jeux sont faits. Aimar termine 18ème de l’étape. Il a perdu 2’40’’ sur Poulidor (3ème) et 28’’ sur Janssen (11ème).
A 25 ans, pour sa 2ème participation, le hyérois remporte le Tour de France, performance qu’il ne sera plus en mesure de rééditer. 6ème en 1967, Aimar poursuivra sa carrière dans la Grande Boucle jusqu’en 1973 sans jamais connaître à nouveau un tel état de grâce.

 Poulidor sur le podium
En finissant 3ème de ce chrono, Poulidor a dépassé au général Momene (33ème à 4’3’’du vainqueur) et Mugnaini (48ème à 5’5’’). L’espagnol et l’italien (tout comme Aimar et Janssen d’ailleurs) faisaient partie de « l’échappée de Pau » lors de laquelle les favoris de l’épreuve s’étaient sabordés. Seul Poulidor a réussi à colmater une partie de la brèche pour prendre place sur le podium, à la 3ème place seulement.
Quelques sifflets se sont faits entendre au Parc des Princes lorsque Poulidor est arrivé. Bien sûr, « Poupou » reste pour la majeure partie du public le « malheureux vaincu », le « gentil persécuté » mais d’autres, comme Jean Bobet, s’ «  explique mal que Jean Milesi, avec le maillot Ford-France, soit 10 fois supérieur au Jean Milesi qui portait le maillot Mercier-BP », s’ « explique mal en un mot que Poulidor soit insuffisamment entouré ». Bobet complète son analyse : « N’est ce pas à lui (Poulidor) de faire des petits sacrifices pour s’assurer l’aide de gars de valeur ? »

Janssen, Aimar, Poulidor : le podium 1966

  Altig pour terminer
Il ne serait pas judicieux de conclure sans évoquer Rudy Altig (Molténi), victorieux de ce contre-la-montre final après avoir gagné la 1ère étape du Tour il y a 3 semaines.
L’allemand (futur champion du monde) l’a emporté, à 46,077 km/h de moyenne, après un âpre duel face à Ferdinand Bracke (Peugeot). Altig a toujours été en tête au niveau des pointages intermédiaires mais le belge lui a mené la vie dure : 7 petites secondes les séparaient à l’arrivée !

Classement de l’étape