Que de crevaisons !
Une foule considérable se presse sur les Champs-Elysées pour applaudir les coureurs. Direction Avenue de Neuilly, Pont Bineau, Colombes puis Argenteuil où le signal du départ est donné à 2h30 du matin. Rien à signaler avant Dieppe (km 259) que 38 coureurs traversent groupés. C’est ensuite que la course prend de la valeur, secouée à plusieurs reprises dans les côtes par Honoré Barthélémy. Mais, cette année encore, la 1ère étape est rythmée par les crevaisons qui n’épargnent absolument personne. A Fécamp (km 335), Mottiat se retrouve seul en tête, suivi à 2’ par Scieur, à 4’ par Dejonghe, à 6’ par Barthélémy qui réalise une belle fin d’étape, dépassant Dejonghe, rattrapant Scieur avant que celui-ci ne crève encore. Le Français fait forte impression mais il ne peut revenir sur Louis Mottiat qui s’impose, tout comme il l’avait déjà fait ici même l’année précédente.

 Les années se suivent et ne se ressemblent pas
La plupart des Belges qui ont brillé l’année dernière ont connu aujourd’hui de sévères déconvenues : Le tenant du titre Philippe Thys tout d’abord. L’Anderlechtois, insuffisamment remis de sa chute dans Bordeaux-Paris au mois de mai, a fini 19ème à plus de 52’. Louis Heusghem et Jean Rossius, respectivement 6ème et 7ème du Tour 1920, se sont classés 31 et 32èmes à plus d’1h10’. Tous 3 ne repartiront pas après-demain. Pas plus qu’Emile Masson (5ème en 1920) qui a abandonné lors de cette étape. Quant à Firmin Lambot (16ème à plus de 45’), H. Desgrange se montre perplexe à son sujet : Il "a paru à court de préparation" (...) "C’est un trop beau grimpeur de côtes pour s’être fait lâcher comme il s’est fait lâcher" ("L’Auto"). Par rapport à l’année dernière, ne demeurent plus aux avants-postes que Léon Scieur (3ème de l’étape à 6’37’’) et Hector Heusghem (5ème à 10’3’’).
En ce qui concerne Eugène Christophe (7ème à 19’10’’), sa manière de courir, à l’économie, n’a pas été trop appréciée par l’organisateur de l’épreuve : "Je voudrais aussi chercher un peu noise à Christophe. La méthode est une bonne chose en soi, mais il ne faut pas l’exagérer ; il ne faut pas, dans la vie, tout résoudre par des équations. Le tableau de marche est une chose qui est bonne dans un record et n’est pas bonne dans une course. J’aurais voulu voir aujourd’hui Christophe s’accrocher." (H. Desgrange "L’Auto")

 Classement de l’étape et du général