Heusghem et Barthélémy devant
Le combat prend tournure après une centaine de kilomètres de course, au pied de la première difficulté du jour, le col de la Colle Saint Michel. Bathélémy y mène un train si vif que le maillot jaune Scieur perd contact et bascule au sommet 45’’ après le Français, accompagné de Heusghem (2ème du général à 15’43’’), Mottiat et du "2ème classe" Lenaers (qui crève dans la descente avant de péniblement finir 12ème de l’étape à 52’20’’). A Colmars (km 127), Scieur a rejoint le trio de tête.
Place désormais au "col d’Allos ou de Valjelaye qui monte de Colmars, d’abord d’un pourcentage sérieux, sur une dizaine de kilomètres, puis d’un pourcentage féroce, et qui rappelle celui d’Aubisque, sur un peu plus de 8 kilomètres" (H. Desgrange "L’Auto"). Mottiat disparaît très vite de la lutte, tout comme Scieur qui crève. Le leader de l’épreuve accuse 5’40’’ de retard au sommet sur Barthélémy et Heusghem. Une grande partie du Tour de France 1921 se joue là : Heusghem profitera-t-il de l’aubaine pour sonner l’hallali ? La physionomie du début d’étape ne plaide pas en ce sens, le Carolorégien ayant laissé Barthélémy effectuer la majeure partie du travail. Et voici le pauvre Parisien retardé, comme à son habitude, par plusieurs crevaisons ! Heusghem se retrouve seul à l’avant avec le col Bayard qui pointe à l’horizon, "supplice nouveau, car, outre qu’il est d’un pourcentage très élevé, l’ascension doit s’en faire aux heures les plus chaudes de la journée. Et je vous prie de croire qu’en juillet, le soleil tombe dur dans la cuvette de Gap" (H. Desgrange).

  Scieur grand bénéficiaire de la journée
Effectivement, les observateurs considèrent que Heusghem défend ses chances "très mollement" ("Sporting") et Scieur a tôt fait de le récupérer à la sortie de Barcelonnette (km 170). Dès lors, dans le col Bayard, les 2 premiers du général font cause commune : ils "commencent par descendre pour remplir leur bidon ; un peu plus haut, ils descendent encore pour changer leur braquet ; enfin, troisième station de ce Golgotha, ils feront à pied plus de 600 ou 700 mètres" (H. Desgrange).
Nos 2 compères auraient probablement fini l’étape de concert si Heusghem n’avait pas crevé une première fois dans la descente de Laffrey puis une seconde fois avant Grenoble, laissant Léon Scieur remporter sa 3ème et dernière étape sur le Tour (1 en 1920, 2 cette année) et augmenter son pécule au général de 6’ supplémentaires.

 Classement de l’étape

 Classement général

* Lucotti a reçu à Nice une pénalité de 30’ pour ne pas avoir respecté l’article 4 qui stipule : "Le coureur, à l’étape, peut faire tout ce qu’il veut, à condition d’avoir fait, avant le départ, agréer ses soigneurs par L’Auto".