Dhers secoue le cocotier
28 coureurs sont toujours ensemble à Nantes, après 321 km de course. Une course monotone marquée par une forte chaleur qui oblige les coureurs à descendre régulièrement de machine pour remplir les bidons dans les maisons. Tout s’accélère une dizaine de kilomètres après Nantes avec de multiples démarrages dont celui d’un "2ème classe", Eugène Dhers, qui s’octroie 500 mètres d’avance. Mais "La Pomme" ne se sent pas en mesure d’aller au bout. Il se laisse rejoindre. Pour mieux repartir, accompagné cette fois de Firmin Lambot, vainqueur du Tour de France 1919, et de Louis Mottiat, lauréat de la 1ère étape Paris - Le Havre cette année. Le Bernièrois a fière allure, entouré de ces 2 cracks, mais, au moment du sprint, il ne peut que s’incliner face à Mottiat qui s’adjuge sa 4ème étape sur le Tour (1 en 1919, 1 en 1920, 2 en 1921) et à Lambot qui se replace quelque peu au classement général (11ème à plus d’1h41’ de Scieur).

Eugène Dhers (1891-1980) s’était déjà mis en valeur l’année dernière, terminant 11ème à Paris.

Derrière ces 3 hommes, 12 gaillards terminent groupés à 7’35’’. Parmi eux, 6 "2ème classe" : les Belges Benjamin Javaux, Jean Belvaux, Camille Leroy, Léon Despontin ainsi que les Français Edouard Léonard et Etienne Dorfeuille.
Hector Heusghem et Albert Dejonghe, 2ème et 3ème du général, manquent par contre à l’appel. Le premier nommé se classe 19ème à 6’6’’ de Scieur ; le deuxième 16ème à 2’9’’.

 Alavoine abandonne
8ème du général ce matin, Jean Alavoine n’est pas allé plus loin que Nantes. Epuisé, "le Gars Jean" aurait bien aimé monter dans une voiture suiveuse 15 kilomètres avant la capitale des ducs de Bretagne mais le règlement ne l’y autorise pas et c’est à pied qu’il a poursuivi son chemin.
Le lendemain, tout en lui donnant quelques conseils (que de nombreux champions suivront à la lettre de nombreuses années plus tard !), Desgrange ne ménage guère l’un des coureurs préférés des Français : "A courir sans cesse, il finit par se présenter fatigué dans notre course, et il n’y fait rien de bon. Car enfin, c’est très gentil à chaque étape de verser dans l’oreille des journalistes, que le soigneur a mis un mauvais braquet, ou que la déveine vous a poursuivi. Mais c’est les prendre pour plus naïfs qu’ils ne sont. La vérité est que, de plus en plus, le Tour de France est une épreuve qui devra suffire à l’ambition d’un homme pour toute l’année. Lambot ne se prépare qu’à cela ; Thys ne voulait courir que Bordeaux-Paris et le Tour de France, et l’on comprend très bien Mottiat qui n’y vient chercher qu’une occasion de s’entraîner pour Paris-Brest et retour, à moins qu’il ne rencontre de ces rieuses chances de gagner" ("L’Auto").

 Classement de l’étape

 Classement général