Robic abattu
Cela faisait 2 jours que Jean Robic (Ouest) jubilait : victoire d’étape, maillot jaune à Luchon avant de passer le relais à son équipier de la formation régionale de l’Ouest, François Mahé hier à Albi. Quel bonheur pour celui qui a été exclu de l’équipe de France ! Mais les tricolores ruminent leur vengeance...
Pourquoi pas dès le départ lorsque Pontet, un homme de l’Ouest, crève ? Ses équipiers Morvan, Esnault et Bultel l’attendent. Robic est esseulé. Faut en profiter : Bobet, Géminiani, Lauredi et Rolland appuient à fond sur les pédales. Ils emmènent avec eux 3 Italiens (Astrua, Magni et Drei), Malléjac (coéquipier de Robic, le mieux placé au général, 9ème) ainsi que Bober, Mirando, Dierkens, Forestier, Suykerbuyk, Close, Wagtmans, Darrigade et Bauvin, soit 17 hommes en tout.
Derrière, les efforts des coureurs de l’Ouest sont annihilés par les équipiers de Bobet et d’Astrua qui n’hésitent pas à se mettre dans les roues pour couper le train au moment de prendre les relais. A Castres (km 41), le groupe de tête compte déjà 4’ d’avance sur le peloton. Ça sent mauvais pour Robic qui chute dans la descente du petit col du Fauredon (km 68). Ensanglanté, découragé, "Biquet" terminera l’étape à 38’9’’ des échappés. Il ne prendra pas le départ le lendemain.

Robic, blessé au visage, est arrivé très attardé à Béziers

 L’équipe de l’Ouest se console
Pendant ce temps, devant, la côte des Treize-Vents avec ses 3 km à 9% fait office de juge de paix. Mirando passe le premier au sommet (km 136) devant Bobet, Astrua, Malléjac, Lauredi, Close, Rolland, Wagtmans et Géminiani. Ces 9 hommes filent ensuite vers Béziers pour se jouer le sprint.
Mahé, le maillot jaune, se classe 31ème de l’étape à 19’51’’. Le Breton a perdu la Tunique mais celle-ci demeure au sein de la maison puisque c’est le Finistérien Jean Malléjac, vainqueur de la 5ème étape, qui la récupère.

 Du rififi en équipe de France
Le sprint disputé sur la piste du stade des Sauclières à Béziers fait couler beaucoup d’encre. Bobet compte bien s’imposer de façon à empocher la minute de bonifications. Mais ses partenaires de l’équipe de France ne l’entendent pas de cette oreille et c’est Nello Lauredi qui rafle la mise devant Raphaël Géminiani ! Bobet, 3ème, est furieux, Géminiani narquois : « Mais il fallait me le dire. Je serais descendu de vélo devant le public pour te céder la place. » Le soir à table, la rixe est évitée de justesse.

Nello Lauredi en 1954.

L’Italien (1924-2001), naturalisé Français en 1948, a remporté 3 étapes sur le Tour (1 en 1950, 1 en 1951, 1 en 1953), porté 4 jours le maillot jaune en 1952. Il s’est, par ailleurs, imposé à 3 reprises sur le Dauphiné Libéré (1950, 1951, 1954).

  Le pacte de Béziers
La nuit porte conseil, affirme-t-on toujours...
Le lendemain, au petit-déjeuner, tous font acte d’allégeance à Louison Bobet. Ils reconnaissent qu’il est le seul à pouvoir ramener le maillot à Paris et qu’ils feront tout pour l’aider. En contrepartie, le « Boulanger de Saint-Méen » promet de leur abandonner l’ensemble de ses prix et primes accumulés durant ces 3 semaines de course et leur garantit d’intéressants contrats d’après-Tour. Une nouvelle ambiance s’instaure au sein de la formation tricolore...

Classement de l’étape

Classement général