Paris n’est plus la capitale
La veille du départ, tôt le matin, les coureurs ont descendu les Champs-Elysées en veston pour se rendre à la Gare de Lyon sous le regard étonné des ouvriers qui se rendaient au travail. Pour la 1ère fois dans l’histoire du Tour, la Grande Boucle prend son envol en dehors de la capitale, à Evian plus précisément, à 2 heures du matin, sous un ciel chargé de nuages.

 Mauvais présage pour Bottecchia ?
Il fait encore nuit qu’Ottavio Bottecchia a déjà percé 2 fois. M. Cazalis, reporter pour « L’Echo du Nord » semble ne plus tout à fait reconnaître l’As des années précédentes : « Sans découragement, le favori du Tour réparait et il se lançait à la poursuite du peloton qu’il parvenait à rejoindre. La seconde fois, ce ne fut pas sans difficulté. Je suivis le champion pendant un assez long temps et son allure me parut en effet moins plaisante que d’habitude. Il était déhanché et saccadé, lui qui fait corps généralement avec sa machine. Est-ce manque d’entraînement ou fatigue ? Je ne sais mais Bottecchia ne m’inspirait pas confiance. »
Il semble toutefois que les réserves du journaliste formulées à l’encontre de Bottecchia soient prématurées puisque l’Italien franchit détaché le col de la Faucille. On aurait donc retrouvé le « Maçon du Frioul », celui qui, il y a 2 ans, remportait la 1ère étape avant de confisquer le maillot jaune à son profit durant les 3 semaines de course ? N’allons pas trop vite en besogne car, bientôt, 5 coureurs (Pé, J. Buysse, Devos, Parmentier et Aimo) se joignent à lui. Les kilomètres défilent. Demeurent seuls en tête Pé (J. Louvet), Bottecchia et son équipier chez Automoto J. Buysse lorsque, une nouvelle fois, Bottecchia crève. A Pontarlier, à 10h40’, ce dernier accuse 5’ de retard sur ses 2 compagnons. Plus question désormais de revenir sur eux. Au contraire, c’est un peloton composé de 11 coureurs qui fond sur Bottecchia avant de le lâcher, le pneu à plat. C’en est trop pour le favori du Tour qui termine l’étape à la 16ème position, à 34’17’’ du vainqueur.

 Jules Buysse pour commencer…
Devant, Jules Buysse profite de la crevaison de Pé (12ème de l’étape à 18’25’’, le Belge finira épuisé) pour s’offrir 161 km d’échappée solitaire et s’emparer du maillot jaune avec plus de 13’ d’avance. 15ème du Tour 1925, Jules est le frère cadet de Marcel (3ème en 1912) et de Lucien dont on reparlera plus tard.

Jules Buysse (1901 - 1950) dans les gorges du Doubs.

 Les favoris ont souffert
Bottecchia se consolera peut-être en consultant le classement. Son adversaire le plus redoutable, Nicolas Frantz, malade, s’est classé 20ème à 50’27’’, Bartolomeo Aimo, 35ème à 1h16’34’’. Lucien Buysse a fait un peu mieux : 15ème à 23’35’’ de son frère. Pas de quoi pavoiser cependant.

 Classement de l’étape et du général