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Etape 14 : Briançon - Aix-les-Bains - La Grande Boucle

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Etape 14 : Briançon - Aix-les-Bains

263 km. 16 juillet 1948

- Parcours
Raphaël Geminiani a parfaitement résumé cette étape qui est restée dans les annales : « Le Galibier au milieu d’une tourmente de neige, la Croix-de-Fer dans la gadoue, le col de Porte en plein brouillard et la Chartreuse (Cucheron et Granier) sous la neige. »
Bartali a ajouté : "Je n’avais jamais connu une étape aussi pénible. »

- Le Galibier pour commencer
Le départ est donné depuis Briançon, située à 1321 m d’altitude. Les coureurs escaladent d’abord le Lautaret puis les derniers kilomètres du Galibier.
Tout de suite, Bonnaventure, Geminiani, Gauthier, Lapébie et le maillot jaune Bobet s’échappent. Ils sont rejoints dans le Galibier que Teisseire franchit en tête (km 35) suivi de Geminiani. Bobet et Bartali naviguent dans un petit groupe à 2’ tandis que Robic et Impanis sont déjà à 12’30’’, Vietto et Lazaridès à ¼ d’heure.
Dans la descente, le regroupement s’effectue entre les 2 hommes de tête et le groupe maillot jaune.

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Le Lautaret enneigé

- Le duel Bartali - Bobet dans la Croix-de-Fer
A 23 km du sommet de cet interminable col, Bartali (2ème du général à 1’6’’ de Bobet) accélère. 3 km plus loin, le Toscan est rattrapé par Bobet et André Brulé (Paris). Les 3 hommes creusent les écarts : plus de 2’30’’ au sommet (km 113,5) où Bartali remporte la minute de bonifications devant Bobet qui se console avec 30’’.
Dans la descente, l’Italien crève et laisse filer les 2 Français.

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Bobet et Bartali dans la Croix-de-Fer

- Bobet, en tête, s’épuise
Cette crevaison peut paraître, à première vue, comme une aubaine pour le maillot jaune. Pas si sûr ! Car Louison doit traverser la vallée de la Romanche, vent de face, avec Brulé comme seul soutien. Tandis que, intelligemment, le directeur sportif transalpin, Alfredo Binda, suggère à son coureur d’attendre Schotte, Ockers, Van Dijck, Camellini et Kirchen.
A 6 contre 2, la partie est inégale. Les Français sont rejoints à Vizille, épuisés. Brulé, terrassé par la fringale, terminera 16ème à 19’.

-  L’envol de Bartali dans le col de Porte
Dans le col de Porte (15 km), Gino s’en va irrésistiblement. Louison faiblit. Il ne peut rien lorsque Stan Ockers attaque à 2 km du sommet. Pendant ce temps, Bartali passe en haut (km 202,5) 6’22’’ avant Bobet puis continue, sous les averses, à travers la forêt de pins de la Chartreuse. Les cols du Cucheron (km 215,5) et du Granier (km 234) sont avalés sans coup férir. "Le Campionissimo" arrive, triomphant, à Aix-les-Bains, près de 6’ avant Ockers, plus de 7’ avant Bobet (6ème). Il a (presque) gagné le Tour.
A l’arrivée, Bartali rendra un hommage sincère à son adversaire : « Je redoutais Bobet. Je m’en serais méfié plus tôt si je l’avais connu. Je le tiens maintenant pour un homme de très grande classe, aux qualités multiples. Il roule, sprinte, grimpe et a du cœur. Il a peut-être perdu son maillot, mais je vous jure qu’il l’a défendu. Quel lutteur ! Je le voyais à mon côté grimacer, serrer les dents mais pas me quitter. En un mot, il m’a émerveillé et, au sommet de la Croix-de-Fer, alors que nous nous apprêtions à nous disputer la bonification, je n’ai pu m’empêcher de lui dire mon admiration. Quand il aura un peu plus de métier, ce sera un très, très grand champion. Il gagnera le Tour, j’en suis certain. »

-  Y a t il une équipe de France ?
Binda affirmera plus tard : «  Si je l’avais dirigé, c’est lui, Bobet, qui aurait gagné le Tour ». Exagéré peut-être, mais les journalistes de l’époque se demandent encore quelle a été la stratégie de Lazaridès ce jour là ! Il a attendu Vietto pendant toute la 1ère partie de l’étape puis a brutalement refait son retard, se classant 2ème (derrière Bartali, détaché devant Bobet) au sommet du col de Porte, avant de s’écrouler à nouveau pour finir l’étape en compagnie de son ami azuréen (8ème et 9ème).
En fin d’étape, le seul français qui a aidé Bobet, c’est Guy Lapébie, de l’équipe Centre-Sud-Ouest. Un Guy Lapébie extraordinaire qui s’accapare de la 3ème place du général au détriment du Belge Lambrecht (28ème de l’étape à 38’ de Bartali).

Classement de l’étape

Place Coureur Temps / Ecart
1 Gino Bartali (Ita) en 9h30’18’’
2 Constantin Ockers (Bel) à 5’53’’
3 Guy Lapébie (Fra) à 7’3’’
4 Edward Van Dijck (Bel)
5 Albéric Schotte (Bel) t.m.t.
6 Louis Bobet (Fra) à 7’9’’
7 Jean Kirchen (Lux) m.t.
8 Jules-Apôtre Lazaridès (Fra) à 12’19’’
9 René Vietto (Fra) m.t.
10 Kléber Piot (Fra) à 13’7’’


Classement général

Place Coureur Temps / Ecart
1 Gino Bartali (Ita) en 100h1’5’’
2 Louis Bobet (Fra) à 8’3’’
3 Guy Lapébie (Fra) à 29’2’’
4 Albéric Schotte (Bel) à 29’3’’
5 Fermo Camellini (Ita) à 31’11’’
6 Lucien Teisseire (Fra) à 31’37’’
7 René Vietto (Fra) à 36’39’’
8 Jean Kirchen (Lux) à 38’31’’
9 Roger Lambrecht (Bel) à 41’53’’
10 Louis Thiétard (Fra) à 47’43’’
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