Anquetil en grand seigneur
Les belges Hoevenaers, Pauwels et Planckaert attaquent après Dourdan. Cazala et Anquetil (oui, Jacques Anquetil en personne) répondent à l’offensive : le Challenge Martini (que remporteront les français) est en jeu ! Massignan et Queheille les accompagnent.
Les voilà tous les 7 qui s’envolent vers le Parc des Princes pour se disputer la victoire finale avec 1’44’’ d’avance.
On s’attend alors à ce que «  Maître Jacques » fasse le nécessaire de façon à gagner une étape en ligne. Nouvelle surprise : c’est lui qui emmène le sprint et se fait remonter par son plus fidèle équipier, Robert Cazala, particulièrement heureux : « Courir un Tour de France aux côtés d’un tel champion, est un immense plaisir. Même si je n’avais pas gagné l’étape, j’aurais aussitôt rengagé pour l’année prochaine. Mais aujourd’hui Jacques m’a prouvé sa grandeur. »
Anquetil a réalisé son pari : gagner son 2ème Tour en portant le maillot jaune de la 1ère à la dernière étape, comme Ottavio Bottecchia en 1924 et Romain Maes en 1935. Et pourtant, ce sont des sifflets qui l’accompagnent lors du tour d’honneur ! Le public lui reproche de bloquer la course, de lui enlever tout intérêt.

 Les italiens terminent bien
Massignan a profité de l’échappée pour dépasser Manzanèque et Junkermann au général. Le Tour est tout bénéfice pour lui : 4ème du classement final et meilleur grimpeur.
Surtout, Carlesi a réussi de manière assez incroyable à subtiliser la 2ème place du général à Gaul. Laissons Robert Chapatte expliquer les faits : «  A un kilomètre de l’entrée du Parc, Carlesi qui roulait en tête du peloton fit signe à Falaschi et celui-ci comprit aussitôt la manœuvre. Il ralentit et permis à Guido, son chef de file, de prendre quelques longueurs. Carlesi fonça jusqu’au Parc. En vertu du règlement qui stipule que les temps sont pris à l’entrée de la piste, il pénétra au vélodrome avec 6’’ d’avance. Comme il n’en comptait que 4 de retard sur Gaul... ».
Le luxembourgeois complète la description : « Quand Carlesi est parti, vous imaginez bien que je n’étais pas surpris. Je savais qu’il allait tenter le tout pour le tout dans les derniers kilomètres. Mais Graf et Ernzer, dans leur précipitation à me ramener sur lui, se sont accrochés, sont tombés et j’ai perdu ainsi une cinquantaine de mètres qu’il m’a été impossible de combler par la suite. »

  Darrigade conserve son bien
Sur la piste du Parc des Princes, Carlesi pouvait complètement se relâcher, son objectif atteint. Restait encore à Darrigade et à Gainche à s’expliquer pour le maillot vert. Le breton se classait 8ème, le dacquois 9ème. Suffisant pour que «  Dédé » conserve 5 points d’avance au décompte final.

Classement de l’étape

Les temps sont pris à l’entrée du vélodrome