Parcours : Cols des Saisies, du Cormet de Roselend, de l’Iseran, du Mont Cenis et montée de Sestrières

 « Tu nous as fait devenir fou » (« Gazzetta dello Sport »
Claudio Chiappucci (7ème du général à 4’54’’ de Lino) passe en tête le col des Saisies (km 31) de façon à conforter son maillot à pois. Dans la descente, 11 hommes (Virenque, Claveyrolat, A. Gonzalez, Gaston, Bolts, Ruiz Cabestany, R. Gonzalez, Kelly, Perez, Uriarte, Yates) se détachent. Le coureur de la Carrera les rejoint à Beaufort (km 49) pour franchir avec eux le Cormet de Roselend (km 70).
C’est à 8 km du sommet du col de l’Iseran qu’"Il Diablo" commence à écrire une nouvelle page de la légende du Tour. Il reste alors 125 km avant d’arriver à Sestrières. Cela ne fait rien. Il part (accompagné quelques instants par Virenque) et passe au sommet (km 136) 2’20’’ avant Conti et ce même Virenque. Le peloton Indurain est à 3’46’’. Avant d’aborder le Mont Cenis, à Landlebourg (km 168), Chiappucci possède 5’ d’avance sur le peloton qui a récupéré l’ensemble des échappés.
Un homme ne l’entend pas de cette oreille : Gianni Bugno. L’Italien (6ème du général à 4’39’’ de Lino) a fait rouler ses Gatorade depuis l’Iseran. Dans le col du Mont Cenis, il se lance à la poursuite de son compatriote, accompagné d’Indurain. L’écart ne cesse alors de décroître : 3’33’’ au sommet (km 178) ; 2’ à 15 km de Sestrières alors que Vona (GB-MG) et Hampsten (Motorola) ont rejoint Indurain et Bugno.
Les derniers kilomètres sont terribles : Indurain lâche Bugno et Hampsten à 10 km de la ligne puis Vona à 5 km. Il revient à 1’ de Chiappucci à 3 km mais le tenant du titre fléchit, se fait rejoindre par le surprenant Franco Vona (16ème du général) et Chiappucci peut savourer son triomphe, en Italie, devant les siens !

Chiappucci au sommet de sa gloire à 29 ans.

Le Lombard a remporté Milan San Remo en 1991, s’est classé 2ème des Tours d’Italie 1991 et 1992 ; 2ème du Tour de France 1990, 3ème du Tour de France 1991.

 Indurain retrouve sa place de leader
3ème de cette étape à 1’45’’ de Chiappucci, Miguel Indurain (2ème du général ce matin à 1’27’’ de Lino) a récupéré "son" maillot jaune. Mais que s’est-il passé à 2 km de l’arrivée lorsqu’il a connu une "défaillance" ? Le Navarrais avoue avoir été victime d’une fringale ("Le premier ravitaillement était placé au pied du premier col et, pour ne pas être trop lourd dans l’ascension, j’avais jeté la majeure partie de ma musette.") Il est également possible qu’il ait eu peur de la foule, hystérique à cet endroit (on a recensé 150 000 tifosi sur les 12 derniers km).

 Lino perd son beau maillot
21ème de l’étape à 10’33’’ de Chiappucci, Pascal Lino s’est bien battu. Il a attaqué dans le col de l’Iseran avant de se relever et de se retrouver en difficulté dans le Mont Cenis où il accuse au sommet un retard de près de 2’ sur Indurain. Le voici désormais 4ème du classement général mais ses 10 jours en jaune resteront à jamais gravés dans sa mémoire.

 Roche et Lemond battus
Stephen Roche termine 18ème à 10’27’’. Ce n’est rien comparé à Greg Lemond. L’Américain s’est retrouvé distancé dès Val d’Isère (km 119). Il finit dans le gruppetto en compagnie de Leblanc à plus de 49’.

  L’étape de Sestrières : un tournant
Pour beaucoup de coureurs, cette étape fut le révélateur de la dérive de leur sport. Eric Boyer déclarera en 1999 dans l’Equipe : « C’est la période charnière où on a la confirmation que les médecins italiens ont franchi un pas. On prononce encore très peu les 3 lettres EPO, ou tout du moins, on ne sait pas encore ce que ça veut dire. » D’un médecin qu’il interroge, il obtient cette réponse : « Avec ça, le sang devenait de la purée Mousseline. C’était la 1ère fois qu’on me disait qu’un médicament était dangereux immédiatement. »

Classement de l’étape

Classement général